En une décennie, Singapour est devenu un véritable paradis pour les laboratoires et les firmes pharmaceutiques. Comment cette petite république du Sud-Est asiatique de 5,4 millions d’habitants a-t-elle réussi ce tour de force et est-elle devenue un exemple pour la Belgique ?
Une forêt de buildings étincelants avec des ponts aériens dans un jardin tropical luxuriant. Voilà à quoi ressemble Biopolis, la cité des sciences de la vie de Singapour. Il y a dix ans, elle n’existait même pas ! Aujourd’hui, cette ville dans la ville accueille des laboratoires pharmaceutiques et des centres de recherche du monde entier. Mais Singapour ne se distingue pas seulement en Recherche & Développement (R&D). La cité-État a convaincu plusieurs géants pharmaceutiques d’y implanter des usines, comme en témoigne le Tuas Biomedical Park, un site de 200 Ha située à une heure de Biopolis, où les géants du secteur ont investi pas moins de 3 milliards de dollars ces dernières années.
En seulement une décennie, la santé est devenue le deuxième pilier de l’industrie singapourienne. Ce succès, qui ne doit rien au hasard, résulte de l’application stricte d’une feuille de route décidée par le gouvernement de Singapour au début des années 2000. Objectif : faire de cet ensemble de 64 îles, situé entre la Malaisie et l’Indonésie, une plateforme mondiale de la pharmacie.
Des arguments solides A cet égard, la puissante Agency for Science, Technology and Research (A*STAR) a joué et joue encore un rôle considérable dans ce succès. Sa mission est clairement expliquée sur son site web. L’A*STAR « soutient les secteurs économiques clés de Singapour en fournissant des ressources intellectuelles, humaines et industrielles à ses partenaires industriels. Elle soutient également la recherche dans les universités, les hôpitaux et les centres de recherche, avec des collaborateurs locaux et internationaux. » En outre, Singapour encourage activement l’implantation de sociétés étrangères sur son territoire par le biais de mesures fiscales et non fiscales. Des mesures que les représentants de l’A*STAR n’ont pas manqué de promouvoir lorsqu’ils ont commencé à sillonner le monde pour attirer à Singapour des scientifiques réputés et des programmes de recherche ambitieux. Et leurs arguments ont fait mouche ! Il faut dire que le pays dispose d’une économie prospère, ouverte et exempte de corruption. Le régime politique est stable et le PIB par habitant est l’un des plus élevés du monde. D’où son surnom de « Suisse de l’Asie ».
Centre de recherche scientifique de niveau mondial
Outre la qualité de vie, l’anglais comme langue de travail et les salaires attractifs offerts aux expatriés, le pays et les firmes qui y sont implantées ne lésinent pas pour proposer d’agréables environnements de travail aux chercheurs, ainsi que les moyens financiers, techniques et humains pour mener leurs travaux dans les meilleures conditions. Comme cette firme qui, pour décider un scientifique américain à la rejoindre, n’a pas hésité à lui « offrir » la machine à un million de dollars dont le chercheur rêvait… La concentration de chercheurs dans Biopolis a permis des collaborations étroites et des liens de recherche dont Singapour bénéficie.
La recherche clinique est également facilitée. Avec des habitants originaires de plusieurs autres pays asiatiques (Chine, Malaisie, Inde, Indonésie, etc.), Singapour offre la possibilité aux firmes pharmaceutiques de tester les effets d’un médicament sur plusieurs types de population différentes. « De Singapour, il est également très facile de piloter des essais cliniques dans toute l’Asie du Sud-Est », explique Thierry Diagana, directeur du Novartis Institute for Tropical Diseases. « De plus, les hôpitaux du pays se comparent aux meilleurs établissements européens et américains. » Un atout de plus, qui facilite le recrutement des patients et l’évaluation des médicaments testés.
Un bon exemple pour l’Union européenne.
http://www.a-star.edu.sg/Media/News/Press-Releases/ID/1893/Singapores-Biopolis-A-Success-Story.aspx |