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L'hospitalisation ŕ domicile : une voie d’avenir ?

En juillet et août 2015, le service d’hématologie et d’oncologie du CHU de Liège a expérimenté l’hospitalisation à domicile (HAD). Rencontre avec le Dr Christine Gennigens, oncologue et chef de ce projet-pilote aux perspectives intéressantes.

En quoi consiste l’hospitalisation à domicile (HAD) expérimentée cet été à Liège ? Christine Gennigens : « Nous avons proposé à une cinquantaine de patients atteints de cancer de recevoir certains traitements chez eux plutôt qu’à l’hôpital. Plusieurs de nos infirmières spécialisées ont été détachées de l’hôpital de jour et envoyées avec le matériel du CHU au domicile des patients. »

Quels types de traitements ont-elles administré ?
Ch. G. : « Il s’agissait d’injections ou de perfusions de médicaments utilisés dans le cadre du cancer :

  • certaines chimiothérapies sous-cutanées (en injection) ;
  • des antiémétiques contre les nausées sévères ;
  • des traitements pour lutter contre la déshydratation ;
  • des facteurs de croissance postchimiothérapie ;
  • des antibiotiques.
Normalement, les patients reçoivent ces traitements soit en hôpital de jour, soit durant leur hospitalisation qu’il faut alors prolonger pour les leur administrer. »

Quels types de patients ont pu participer à ce projet-pilote ?
Ch. G. : « Nous avons sélectionné les patients en fonction de plusieurs critères médicaux, sociaux, d’hygiène, etc. D’abord, les oncologues et hématologues ont proposé l’HAD à des personnes “compliantes” (c’est-à-dire qui suivent correctement les prescriptions du médecin) et qui, globalement, allaient bien. Pas question de renvoyer chez eux des patients mal en point ou fragilisés par d’autres problèmes de santé ! Les infirmières et les assistants sociaux se sont ensuite assurés que les personnes présélectionnées étaient bien entourées (par leur famille, par le médecin traitant, etc.) et que les conditions d’hygiène à leur domicile étaient suffisamment bonnes. Objectif : nous assurer que l’HAD ne présentait aucun danger. »

Quels sont les avantages de l’HAD ?
Ch. G. : « Pour le patient, c’est avant tout la qualité de vie qui est améliorée. Dans la grande majorité des cas, il préfère recevoir un traitement chez lui plutôt que de rester plus longtemps à l’hôpital ou de s’y rendre plusieurs fois par semaine ! Non seulement il “économise” les trajets et les temps d’attente, mais il s’épargne également la fatigue que, bien souvent, ces déplacements engendrent.
L’HAD est aussi avantageuse pour l’institution hospitalière puisqu’elle permet de désengorger les hôpitaux de jour et de diminuer les durées d’hospitalisation. Bien organisé, ce système devrait également générer des économies, mais à ce stade du projet, il n’est pas encore possible de les chiffrer avec exactitude. »

En juillet, le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) a publié un avis préconisant de ne pas généraliser trop vite l’HAD. Qu’en pensez-vous ?
Ch. G. : « Je suis d’accord avec le KCE. Bien que l’HAD se fasse déjà dans d’autres domaines (en pédiatrie, en soins palliatifs, pour les jeunes mamans, etc.), en oncologie, nous n’en sommes encore qu’aux balbutiements. L’HAD pour un cancer pose encore de nombreuses questions, tant au niveau budgétaire qu’organisationnel. D’autres projets pilotes doivent être menés pour mesurer précisément les moyens financiers et humains nécessaires à sa mise en œuvre à plus grande échelle. Une chose est sure : si l’HAD devait se généraliser, cela se ferait en collaboration avec tous les acteurs concernés, dans et hors de l’hôpital : médecins spécialistes et généralistes, infirmières spécialisées et à domicile, assistants sociaux, mutualités, etc. »

À Liège, quelle est la prochaine étape ?

Ch. G. : « Nous allons soumettre les données que nous avons recueillies cet été au comité organisateur du CHU de Liège qui va les étudier. Si l’avis est favorable, nous mettrons en place un deuxième projet pilote, mais avec plus de patients, pendant une période plus longue (hors vacances scolaires), avec davantage de personnel et en essayant d’améliorer certains points. Par exemple, nous devons mieux cadrer notre périmètre d’intervention afin de rationaliser les trajets et éviter à nos infirmières de perdre trop de temp, notamment dans les embouteillages..."
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