Très peu de médecins, un système de soins de santé rudimentaire, des hôpitaux trop peu nombreux… En Éthiopie, soigner les gens est une gageure ! Heureusement, des initiatives existent pour tenter d’améliorer la situation.
En Éthiopie, on ne compte que 3 médecins par 100 000 habitants (1). Seules quelques centaines de spécialistes y exercent : une petite vingtaine de cardiologues, 6 endocrinologues, 3 oncologues… pour plus de 99 millions d’habitants ! Dans ce pays africain où la guerre sévit depuis des années, les infrastructures médicales sont débordées, sous-équipées et difficilement accessibles pour la grande majorité des habitants. Soigner ces derniers est donc un véritable défi logistique.
Quand le diabète est mortel…
Quand on pense à la santé en Afrique, on pense d’abord aux maladies infectieuses. Pourtant, d’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), d’ici 2030, les maladies chroniques tueront davantage que le sida ou le paludisme. « Les gens en meurent plus tôt et davantage, car ils ne sont pas traités », explique la Dr Ludmilla Reina, responsable de Sandoz (2) en Éthiopie. « Par exemple, en zone rurale, le diabète de type 2 est largement sous-diagnostiqué et entraine un grand nombre de cécités, d’amputations et de décès… »
Atteindre les patient(e)s : un défi !
Voilà plus de 2 ans que Ludmilla Reina a été envoyée en Éthiopie pour mettre sur pied une filiale de Sandoz. Très vite, elle réalise l’ampleur de la tâche : en matière de santé, tout ou presque est à faire ! « La question de l’accès est capitale », explique-t-elle. « Ce n’est pas tant la distribution des médicaments qui pose d’abord problème que le simple fait d’avoir accès aux patients. » Exemple : Sandoz dispose d’un médicament générique pour lutter contre une infection qui touche de nombreuses femmes sur le point d’accoucher et qui provoque 250 décès par jour. Or, en Éthiopie, seuls 10 % des accouchements ont lieu dans une structure médicale ou hospitalière. « En discutant avec les autorités locales pour trouver la meilleure façon de distribuer ce médicament, nous avons compris qu’il fallait d’abord faire un travail d’éducation auprès des personnes les mieux placées pour accéder aux patientes : les sages-femmes ! »
Former les professionnels de la santé
En effet, en Afrique plus qu’ailleurs, les sages-femmes sont aux premières loges de la médecine maternelle et néonatale. Or, former une seule sage-femme aurait un impact sur plusieurs milliers de naissances. « Nous avons donc lancé un programme de formation aux bonnes pratiques d’accouchement, “New life & new hope”. »
Dans la même optique, la « Sandoz Ethiopia Medical and Management Academy » (SEMMA), a été mise sur pied afin de former les pharmaciens, notamment à la prise en charge du diabète de type 2. « Dans un pays qui compte si peu de médecins, les autres professionnels de la santé jouent un rôle fondamental », poursuit Ludmilla Reina. « En collaboration avec les acteurs et ONG locaux, nous avons donc mis ces formations sur pied. À ce jour, 450 sages-femmes et un millier d’autres professionnels de la santé (pharmaciens, médecins, infirmier(-ère)s, etc.) éthiopiens les déjà ont suivies. »
Petit à petit…
Dans des pays comme l’Éthiopie, il s’agit d’être inventif pour avoir accès aux patients. « On ne peut pas simplement arriver là, ouvrir des bureaux et distribuer des médicaments ! », conclut Ludmilla Reina. « Il faut d’abord mobiliser les professionnels de la santé et les acteurs locaux. En Éthiopie, nous avons affaire à des personnes enthousiastes, énergiques et motivées, vraiment désireuses d’améliorer les choses. Le succès de nos programmes de formation en témoigne. Certes, le chantier est énorme et beaucoup reste à faire, mais je suis convaincue que, petit à petit, cette approche holistique et collaborative nous permettra, à terme, d’améliorer l’accès des patients aux médicaments. »
***notes***
(1) À titre de comparaison, la Belgique dispose de 290 médecins par 100 000 personnes. Sources : www.statistiques-mondiales.com
(2) Sandoz est une filiale du groupe Novartis, spécialisée dans les médicaments génériques.
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