ESSAIS CLINIQUES : LA BELGIQUE PEUT-ELLE RESTER COMPÉTITIVE ? |
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La Belgique est le pays européen où s’effectue le plus grand nombre d’essais cliniques par habitant. Au niveau mondial, notre pays est n° 2, juste derrière les États-Unis. Peut-elle conserver cette place ?
En 2013, l’Agence fédérale des médicaments et produits de santé (AFMPS) a autorisé 554 nouveaux essais cliniques en Belgique (1). Ce qui représente environ 9 % des essais cliniques effectués dans toute l’Union européenne (2) ! Ce succès, notre pays le doit à une série d’avantages structurels, administratifs et scientifiques.
Les raisons du succès belge
« La Belgique dispose d’excellentes structures médicales », explique le Dr Stefaan Vancayzeele, Directeur médical de Novartis Belgium. « Le pays compte plusieurs hôpitaux universitaires et des centres d’expertise réputés où travaille du personnel médical et scientifique très compétent. En outre, l’AFMPS (Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé) et les comités d’éthique gèrent relativement vite les demandes d’essais cliniques. » Avec un bémol : le cadre légal prévoit une gestion en 28 jours pour les essais cliniques et même en 14 jours pour les études en phase 1. Mais dans les faits, il faut parfois plus de temps pour obtenir une réponse.
La nouvelle réglementation européenne
Or, ces avantages compétitifs propres à la Belgique risquent d’être déforcés par la nouvelle réglementation européenne en la matière.
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(In)former les patients |
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EUPATI (European patients Academy on Therapeutic Innovation) est une nouvelle organisation qui vise à informer les patients d’une manière complète, objective et scientifique concernant la recherche et le développement pharmaceutique (R&D). Rencontre avec le Pr Jean-Jacques Cassiman, membre de l’Advisory Board d’EUPATI.
Impliquer davantage les patients dans le domaine R&D est-ce vraiment
utile ?
Jean-Jacques Cassiman : « Bien sûr ! Le point de vue des patients apporte toujours une plus-value. Quand on leur demande leur avis sur une pathologie ou un traitement, on est souvent surpris par ce qu’ils peuvent rapporter. Par exemple, ils peuvent évoquer des difficultés à se déplacer à cause de leur maladie. Pour la firme pharmaceutique, ce n’est peut-être pas très important, mais pour les patients, ça l’est puisque cela affecte directement leur qualité de vie ! »
En Belgique, les associations de patients sont-elles assez impliquées dans le domaine R&D ?
JJC : « Non. En fait, dans la majorité des cas, les associations de patients ne sont pas impliquées du tout. À cet égard, la différence est flagrante entre ce qui se passe en Belgique et au niveau européen. À l’Agence européenne du Médicament (EMA), des représentants de patients sont assis à la même table que ceux du secteur pharma. Alors qu’en Belgique, cela varie fortement d’une firme à l’autre : certaines font appel aux associations de patients et d’autres, pas du tout. Or, ces mêmes associations sont des relais précieux, tant pour informer les patients qui en sont membres que pour éventuellement y recruter des candidats pour des essais cliniques. »
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Singapour, une plate-forme pharmaceutique mondiale |
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En une décennie, Singapour est devenu un véritable paradis pour les laboratoires et les firmes pharmaceutiques. Comment cette petite république du Sud-Est asiatique de 5,4 millions d’habitants a-t-elle réussi ce tour de force et est-elle devenue un exemple pour la Belgique ?
Une forêt de buildings étincelants avec des ponts aériens dans un jardin tropical luxuriant. Voilà à quoi ressemble Biopolis, la cité des sciences de la vie de Singapour. Il y a dix ans, elle n’existait même pas ! Aujourd’hui, cette ville dans la ville accueille des laboratoires pharmaceutiques et des centres de recherche du monde entier.
Mais Singapour ne se distingue pas seulement en Recherche & Développement (R&D).
La cité-État a convaincu plusieurs géants pharmaceutiques d’y implanter des usines, comme en témoigne le Tuas Biomedical Park, un site de 200 Ha située à une heure de Biopolis, où les géants du secteur ont investi pas moins de 3 milliards de dollars ces dernières années. En seulement une décennie, la santé est devenue le deuxième pilier de l’industrie singapourienne. Ce succès, qui ne doit rien au hasard, résulte de l’application stricte d’une feuille de route décidée par le gouvernement de Singapour au début des années 2000. Objectif : faire de cet ensemble de 64 îles, situé entre la Malaisie et l’Indonésie, une plateforme mondiale de la pharmacie.
Des arguments solides
A cet égard, la puissante Agency for Science, Technology and Research (A*STAR) a joué et joue encore un rôle considérable dans ce succès. Sa mission est clairement expliquée sur son site web.
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DEBAT |
Médicaments « off-label » |
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La prescription dite "off-label" où des médicaments sont prescrits dans des indications pour lesquelles ils n'ont pas été approuvés, fait régulièrement débat. Actuellement, l'utilisation off-label n'est autorisée en Belgique que pour des raisons de santé publique ou dans des cas individuels très spécifiques et des conditions strictes. Mais des voix s'élèvent pour permettre un usage off-label des médicaments à plus grande échelle pour des raisons budgétaires. Toutefois, comme le rappelle Jurgen Figys, avocat et master en sciences biomédicales dans un article paru fin janvier dans le Journal du Médecin, ce débat ne peut faire fi de l’impact potentiel sur la santé du patient ainsi que du cadre juridique qui a été établi pour garantir au maximum la sécurité du patient.
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ESSAIS CLINIQUES |
Plus d’essais cliniques à Bruxelles ! |
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ClinicoBru est une plateforme qui a pour vocation d’augmenter le nombre et la qualité des essais cliniques réalisés dans la Région de Bruxelles-Capitale. L’hôpital Érasme, les Cliniques universitaires Saint-Luc et l’UZ Brussel ont en effet décidé de joindre leurs forces pour faciliter l’accès de leurs patients aux essais cliniques et aider leurs médecins et chercheurs à en réaliser davantage et à mieux recruter les candidats adéquats. Une initiative intéressante, mais qui mériterait d’être étendue à d’autres hôpitaux… et d’autres Régions ! |
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TECHNOLOGIE |
Des lentilles intelligentes |
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Alcon, la divison de Novartis spécialisée en produits ophtalmologiques, s’est associée à Google X pour développer des lentilles de contact « intelligentes » pour des patients diabétiques.
Les capteurs électrochimiques qui y sont intégrés peuvent mesurer les niveaux de glucose d’une personne diabétique. Mais ce n’est qu’un début ! Les lentilles devraient également permettre de corriger la presbytie.
« Notre rêve ? Utiliser les dernières avancées en miniaturisation électronique pour aider à améliorer la qualité de vie de millions de personnes », a déclaré Sergey Brin, cofondateur de Google.
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